Cnockaert, Véronique
«Le roman n'est jamais le décalque de la réalité, il génère ses propres cartographies, ses propres espaces-temps : il obéit à l'économie narrative du récit. Cette économie est cependant toujours tributaire d'un imaginaire graphique puissant à l'intérieur duquel la ligne, le mot et l'idée s'assemblent, s'unissent, se rejoignent. Qu'il s'agisse de la ligne ascendante ou descendante d'une destinée, de la ligne morale ou idéologique, de la ligne de vie, des lignes qui structurent l'espace ou de celle qui métaphorise le temps, la ligne (d'écriture) ne cesse d'ordonner l'imaginaire. Aussi le réel est-il graphiquement et culturellement constitué.
Cet atelier voudrait prendre en compte et analyser à partir d'une étude des «lignes littéraires», les événements et phénomènes (géographique, psychologique, politique, esthétique, etc.) qui sont inféodés à la ligne. C'est un fait que celle-ci crée au sein du roman des cadrages esthétiques, imaginaires et symboliques précis. Autrement dit ce colloque voudrait considérer la littérature comme un exercice graphique au sens fort du terme dans lequel la ligne droite joue sur tous les tableaux de la vie parce qu'elle valorise de facto un cadrage particulier de la réalité et recompose de la sorte le monde.»