Le jeu avec le lecteur dans la métafiction policière

Parmi les différentes formes que peut prendre le roman policier, le roman à énigme (qui se concrétise avec l'oeuvre d'Agatha Christie) est celui où le jeu avec le lecteur est le plus prégnant. En effet, il est véritablement conçu et construit en tant que jeu, si bien que certains théoriciens en viennent à oublier son caractère littéraire. Nous proposons une plongée dans les théories du genre policier pour comprendre d'abord ce qu'est le jeu policier, en nous concentrant sur le rapport qu'il entretient avec son lecteur. Nous verrons également comment le genre policier est par définition métafictionnel.

À la lumière d'études plus ou moins récentes, nous serons en mesure de démontrer que le roman policier contemporain pousse la métafiction encore plus loin. Nous sommes d'avis que les romans actuels n'ont jamais été aussi conscients d'eux-mêmes, et que cette prise de conscience a un effet direct sur le lecteur. En exploitant cette tendance dans son roman Daphné disparue, Somoza réinvente le jeu policier, et par le fait même le roman à énigme, en rendant la participation du lecteur encore plus active. Bien que la métafiction soit d'ordinaire associée à un effet de distanciation par une prise de conscience critique du lecteur, nous voyons avec Somoza qu'elle peut aussi produire un effet d'immersion.