Villeneuve, Johanne
Partant de la proposition des responsables de l’atelier, selon laquelle « la mise en valeur photographique du détail ou de la pièce à conviction […] a toujours pour effet de rendre le visible plus frappant », cette communication s’intéressera à la fonction rhétorique qu'occupe le « flash » ou l’« éclair » photographique, tant visuellement que sur le plan sonore, dans la mise en représentation de la preuve et du crime au cinéma et à la télévision depuis les années 1990. Que révélait, par exemple, la longue scène au cours de laquelle on photographie le cadavre d'une victime dans The Silence of the Lambs, à la recherche d’indices? Le procédé qu'on retrouve dans cette scène a été systématiquement repris, par exemple, dans les séries documentaires de reconstitutions de catastrophes, amalgammé à l’idée de souvenir post-traumatique, ou encore dans les bandes-annonces de films hollywoodiens. J'insisterai alors sur l’effet rhétorique de l’éclair, sur la notion d’éclair sonore modelé sur le flash photographique comme effet de ponctuation ou stigmate (voir la stigmatologie de Peter Szendy). Pourquoi cette présence sonore de l’acte photographique au cinéma ou à la télévision? Qu’engage-t-elle sur le plan narratif ? L’éclair photographique impose alors une mise en récit de ce qui est donné ou refusé au spectateur; il met l’accent sur la violence de l’acte photographique comme point d’aveuglement, force de frappe et révélateur.